Communiqué de presse: microStart aide les réfugiés à créer leur entreprise
Le spécialiste belge de la microfinance microStart renforce son dispositif d'accompagnement des réfugiés vers la création d'entreprise, vecteur essentiel de leur intégration socioéconomique. Deux community officers, issus eux-mêmes de l’immigration, sont chargés de les accompagner de manière individualisée et de leur proposer des services spécifiques.
Mohamed a 30 ans. Lui et son père viennent de Syrie. Ils ont fui la guerre en 2012. Passant
par plusieurs pays du Maghreb, ils arrivent finalement en Belgique en 2016. Ils exercent divers petits boulots dans l’HORECA et - entrepreneurs dans l'âme - ils décident rapidement de reprendre un snack avec leurs économies. C'est ainsi que leur petit restaurant, "Shahba", voit le jour en décembre 2018 à Koekelberg. Un espace qu'ils ont entièrement rénové et dans lequel ils proposent une nourriture de qualité, des viandes grillées au feu de bois et de délicieuses spécialités syriennes.
Le parcours de Mohamed et de son père illustre bien la situation de nombreux réfugiés arrivés chez nous ces dernières années : ce sont principalement des hommes - mais aussi des femmes bien sûr - en âge de travailler. Beaucoup ont un niveau de qualification élevé (ingénieurs, commerçants ...) et, surtout, l'esprit d'entreprise chevillé au corps. Pour eux, l'accès à l'emploi est le sésame indispensable à une bonne intégration. Et pourtant, les freins restent nombreux.
En premier lieu, bien sûr, il y a la barrière de la langue, puis la complexité des démarsches administratives ou encore la difficulté de faire reconnaître leurs diplômes et qualifications, sans compter certaines pratiques religieuses, par exemple l'interdiction de contracter des crédits avec taux d'intérêt.
Une étude très fouillée portant sur les parcours vers l'emploi pour les réfugiés, coordonnée par Andrea Rea (professeur de Sociologie à l'ULB) et Johan Wets (professeur de sociologie à l'UCL / Saint-Louis), relevait que, si la proportion d'autoentrepreneurs est très faible parmi les réfugiés (1,48%), c'est cependant le groupe qui est en plus forte augmentation, passant d'un seul entrepreneur en 2001 à 1250 en 2010. Une tendance qui se confirme ces dernières années.
Un accompagnement spécifique pour les réfugiés grâce aux Community Officers
Avec 62% d'entrepreneurs accompagnésqui sont nés hors de l'Union européenne, microStart se retrouve de facto en première ligne face à la problématique de l'accès à l'emploi pour les réfugiés. C'est pourquoi l'institution de microfinance a mis au point une approche complète et dédiée à l'accompagnement des réfugiés.
Celle-ci offre un rôle central aux Community Officers, des intermédiaires issus de la migration capable d’offrir un accompagnement individualisé et spécifique aux réfugiés. Elle se décline en 5 axes :
- la mise en place de coopérations et de partages d'informations entre les différentes institutions gouvernementales et les opérateurs sociaux
- le recours à des interprètes et intermédiaires dans les différentes langues des réfugiés
- l'adaptation, dans les langues des réfugiés, des BDS (Business Development Services), c'est-à-dire l'ensemble des services non financiers de guidance et de formation
- la personnalisation des formations et de l’ accompagnement aux spécificités des réfugiés sur base d'une bonne compréhension de leurs origines culturelles, sociales, religieuses ou politiques
- la mise au point de solutions originales, notamment financières, pour rencontrer les besoins en microcrédit, en support lors des premiers pas de la création d'entreprise, etc.
microStart a eu l'occasion d'éprouver cette approche sur la base du projet AZO, une première expérience d'accompagnement des réfugiés développée en Flandre avec le service public en charge de l'emploi (VDAB) et des associations locales. Le projet, lancé en novembre 2016, a très vite porté ses fruits. Sur un total de 261 contacts, il a permis d'accompagner 92 personnes et d'initier 73 microfinancements.
Hassan Abo Esmail, réfugié syrien et Community Officer chez microStart, évoque la valeur ajoutée de l’approche pour les réfugiés : « Ce qui me frappe le plus en tant que Community Officer, c’est que les réfugiés n'osent pas toujours venir se présenter chez microStart. Ils ne connaissent pas la langue, ou ne comprennent pas certaines notions telles que « ventes », « taxes », « entrepreneur indépendant ». Avec mes collègues des autres agences, je les aide à acquérir ce vocabulaire spécifique et je les accompagne dans leurs démarches vers la création de leur activité. . En outre, il est également important d’expliquer la méthode de travail de microStart de manière concrète et correcte. ”
Un nouveau Community Officer pour plus d’impact
microStart renforce aujourd'hui sa stratégie à l'égard des réfugiés et l'étend à Bruxelles et au Sud du pays, en ciblant toujours prioritairement les moins de 35 ans. Dans ce cadre, Hicham El Bekkali, un deuxième Community Officer, a été recruté grâce au soutien financier de BNP Paribas Fortis Foundation, la fondation privée de BNP Paribas Fortis. Ce soutiens’étalera sur les années 2019, 2020 et 2021.
Auparavant responsable de la communication dans une ONG, Hicham souligne la forte volonté d'entreprendre des personnes qu’il accompagne et l'aide indispensable qu'il leur apporte. "Les réfugiés entrepreneurs font régulièrement de mauvais choix par manque de connaissance des administrations belges. Je les oriente et les conseille. Cela se fait souvent en langue arabe, mais avec des supports de formation et de guidance en français, pour qu'ils apprennent la langue. Notre démarche est d'abord de les informer et de les sensibiliser, puis éventuellement de les orienter vers un microfinancement et les présenter à nos partenaires."
Emmanuel Legras, CEO microStart souligne l’importance de cet engagement pour le développement du microcrédit en Belgique : « le soutien de BNP Paribas Fortis Foundation nous permet donc d’engager un nouveau Community Officer et d’offrir une aide spécifique à un public spécifique. En étendant le programme « réfugiés » à Bruxelles et en Wallonie, microStart table, pour la période 2019-2022, sur un total de 280 nouvelles personnes accompagnées et de 165 ouvertures de microfinancements. Cela cadre parfaitement à notre stratégie d’amener le microcrédit à son plein potentiel en Belgique.»